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  • Quelques outils de psychologie et de sociologie appliqués - Laurent Jullier (Université de Lorraine
  • Le milieu et le cerveau. Les médias de la psychothérapie institutionnelle - Elena Vogman
  • Discussion avec le public

Quelques outils de psychologie et de sociologie appliqués au concept d’image-temps / Le milieu et le cerveau. Les médias de la psychothérapie institutionnelle [17 juin 2022]

 Description

 Laurent Jullier (Université de Lorraine), Quelques outils de psychologie et de sociologie appliqués au concept d’image-temps

La différence entre image-temps et image-mouvement mise en place par Gilles Deleuze est davantage basée sur l’image elle-même que sur ce qui se passe en face de l’écran, en nous spectateurs pendant que nous regardons le film. Cette communication a donc pour objet d’aller voir en face, sans postuler un spectateur idéal réagissant de manière béhavioriste à ce qu’il voit et à ce qu’il entend, y compris aux « situations optiques et sonores pures ». La perception de la durée au cinéma, en effet, est à la fois guidée par des mécanismes indébranchables (comme l’est la perception du mouvement à partir d’images fixes) et par des routines cognitives dépendant de la culture, de la biographie personnelle et de la « situation » au sens d’Erving Goffman. Elle dépend aussi de l’investissement cognitif et affectif consenti face au film, investissement d’autant plus complexe à étudier qu’il s’enchevêtre à l’appréciation et au jugement de goût. Certains outils heuristiques provenant de la psychologie et de la sociologie permettent sans doute, à défaut d’apporter des réponses tranchées, de réfléchir à cette question de la durée.

 
Elena Vogman (Freigeist-Fellow der VolkswagenStiftung, Bauhaus-Universität Weimar), Le milieu et le cerveau. Les médias de la psychothérapie institutionnelle

Diagnostiqué de schizophrénie et patient de l’hôpital psychiatrique de Rodez, Antonin Artaud parle de son état en matière d’expérience de la « fin du monde qui remplit peu à peu [s]a pensée ». Ce vécu apocalyptique – traversée cérébrale de la mort – est analysé par le psychiatre catalan François Tosquelles, fondateur de la psychothérapie institutionnelle (dont certains concepts seront assimilés plus tard par Deleuze et Guattari dans les deux tomes sur Capitalisme et Schizophrénie). Dans Le vécu de la fin du monde dans la folie (1948), Tosquelles voit dans les crises morbides, souvent causées par la catastrophe de la Deuxième Guerre mondiale, une expression de la perte du monde et en même temps une tentative de reconstruction. C’est cette impuissance de la pensée – sa pétrification, sa décomposition, son anéantissement – dont Deleuze fait le paradigme de l’image-temps. « Ce que le cinéma met en avant », écrit-il, « ce n’est pas la puissance de la pensée, c’est son “impouvoir” ». Il articule le passage de l’image-mouvement à l’image-temps par la confrontation de deux figures : Sergueï Eisenstein et Antonin Artaud. Au lieu de rendre la pensée visible ou la soumettre à l’inconscient, il s’agit pour Artaud de « rejoindre le cinéma avec la réalité intime du cerveau ».

Nous allons interroger l’impuissance de la pensée, articulée par Deleuze, avec la clinique de Tosquelles ainsi qu’avec les films et d’autres pratiques de médias (les ateliers de théâtre, l’imprimerie, le journal intra-hospitalier, etc.) développées à l’hôpital de Saint-Alban en Lozère en collaboration avec les patients. Ces pratiques visaient à récréer un milieu de vie atteint par l’expérience de la catastrophe et de la folie.
 

Mots clés : deleuze turbulence

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