Dans l’oeil du viseur – L'art de la contre-visualité [18 mai 2022]

 Description

Jean-Paul Fourmentraux


Dans l’oeil du viseur – Autour du film d’Eléonore Weber Il n’y aura plus de nuits, 2020.


À l’ère numérique, l’acte de voir n’a peut-être jamais été autant articulé à une soumission aveugle aux machines. Dans le cas des drones et des « images opératoires » à l’oeuvre dans les conflits armés, ce premier couplage du regard aux machines se dédouble : voir y est également synonyme de viser une cible et de l’atteindre par les armes ; l’oeil devient « oeil armé ». Ce régime de vision est au coeur d’un film documentaire de la cinéaste Eléonore Weber Il n’y aura plus de nuit (2020) dans lequel elle utilise notamment de surprenantes images nocturnes saisies par des caméras thermiques infrarouges.
Cette communication examinera le régime scopique et les enjeux anthropologiques de ces images d’archives militaires. Il s’agira d’étudier, d’une part, les ressorts et dilemmes des images opératoires, arcanes d’un pouvoir qui oeuvre à couvert, parfois à l’écart des réglementations éthiques et juridiques
; et d’analyser, d’autre part, l’émergence de possibles ruses ou tactiques de résistance, dans un contexte où la vision dépasse la surveillance pour devenir une arme coercitive (surveiller... et punir). Comment échapper au regard tout puissant de la machine ?
Jean-Paul Fourmentraux, socio-anthropologue (PhD) est Professeur d’Esthétique et théories des arts et médias à Aix-Marseille Université. Il dirige des recherches (HDR Sorbonne) à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Membre du Centre Norbert Elias (UMR-CNRS 8562), il est également membre de l’association Internationale des Critiques d’art (AICA). Ses travaux interdisciplinaires portent sur les enjeux politiques et anthropologiques des arts et des technologies.


10h – 10h30 : Ioanna Neophytou


L’art de la contre-visualité : vers de nouvelles attitudes du regard


Les systèmes technologiques de visualisation (caméras de surveillance, reconnaissance faciale, caméras infrarouges, reconnaissance satellite, surveillance aérienne…) produisent aujourd’hui des images qui contrôlent et règlent plusieurs aspects de la vie civile et guerrière. Face à ces conditions, des artistes réexaminent l’histoire et les perceptions traditionnelles des créateurs d’images en en proposant une conception élargie, ce qui englobe la manière dont les machines produisent des images qui seront reçues et élaborées par d’autres machines (images opératoires), les post-données et métadonnées des images, et les systèmes développés pour leurs création, traitement, stockage et
interprétation. Des artistes comme Harun Farocki, Forensic Architecture, Richard Moose, James Bridle et Trevor Paglen interrogent les limites représentationnelles des images opératoires. Dans leurs créations visuelles et leurs publications théoriques, ces artistes proposent des attitudes d’observation transgressives à travers des documents de contre-visualité motivés par une critique des structures de domination.
Ioanna Neophytou, artiste visuelle et réalisatrice, est née à Limassol (Chypre) en 1986. Elle vit et travaille à Athènes. Elle a étudié à l’École des Beaux-Arts d’Athènes et à l’Université Paris VIII (Master d’Art Contemporain et Nouveaux Médias). Elle est actuellement doctorante en Arts plastiques à Aix-Marseille Université (LESA) sous la direction de Christine Buignet et de Claire Fagnart. Depuis 2011, elle a participé à plusieurs expositions collectives et à des festivals documentaires en France et à l’étranger.

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