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LA QUESTION DU POINT DE VUE : RETOUR CINÉMATOGRAPHIQUE VERS UNE NOTION PHYSICIENNE

Estelle Blanquet, Éric Picholle

Maître de conférences en sciences de l’éducation, INSPE Bordeau | Physicien au CNRS et enseignant, Institut INPHYNI

La notion de point de vue est au coeur de la science moderne, de sa naissance au temps de Galilée jusqu’aux théories de Mach et d’Einstein. Le point de vue d’un observateur est-il toujours légitime ? Est-il permis de dire qu‘une station spatiale autour d’un astronaute ? Ou le Soleil autour de la Terre ?

Nous montrerons comment le cinéma sait jouer avec les mouvements relatifs, des avions de chasse cockpit contre cockpit de Top Gun (Tony Scott, 1986 ; Joseph Kosinski, 2022) aux classiques scènes de bagarres sur le toit d’un train en passant par les valses spatiales de 2001 Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968) ou d’Interstellar (Christopher Nolan, 2014). Si, plus généralement, le jeu sur les inversions et les permutations de point de vue est une technique classique du cinéma, il est plus rare de le trouver explicitement associé à la question de la relativité du point de vue en physique.

Pourquoi cette relativité galiléenne passionne-t-elle moins les scénaristes que les paradoxes temporels de la relativité einsteinienne ? Le point de vue spatial serait-il moins intéressant que le point de vue temporel ?

Nous présenterons quelques exemples d’exploitation pédagogique d’images fixes (comme La Terre encadrée de Manchu) ou animées (comme La Luna, Pixar, Enrico, Casarosa, 2011, ou encore Agora d’Alejandro Amenábar, 2009) et montrerons comment le cinéma peut s’avérer un facilitateur puissant de l’appropriation par des non scientifiques, jeunes et moins jeunes, des théories et perceptions formées par la physique moderne. Nous tenterons en outre de voir comment la perception d’images cinématographiques peut stimuler l’imagination scientifique et changer notre perception du monde voire induire un véritable changement de paradigme personnel.