L’Univers à l’écran au XXIe siècle - Effets [5 mai 2023]

 Description

FLOUS, FLARES, EFFETS GÉOMÉTRIQUES : LES TECHNIQUES POUR MATÉRIALISER L’INVISIBLE

Frédéric Landragin

Directeur de recherche au CNRS, laboratoire Lattice

Qu’elles proviennent de la photographie argentique, numérique ou de l’image de synthèse, les techniques de retouche d’image se multiplient et autorisent des modifications de plus en plus nombreuses et perfectionnées. Nous nous intéressons aux techniques qui permettent d’ajouter – par exemple à une image fixe et par conséquent figée – des effets visuels afin d’augmenter chez le spectateur la perception de phénomènes physiques invisibles, comme la chaleur, le déplacement ou le relief. Avec des exemples tirés de l’histoire de la photographie généraliste et de l’astrophotographie, nous proposons une typologie des phénomènes invisibles concernés, ainsi qu’une typologie des effets et des procédés techniques permettant d’obtenir ceux-ci. Nous étudions alors la réception de ces images retouchées, et notamment la manière dont cette réception évolue depuis environ un siècle.

La vitesse et le mouvement ont fait l’objet d’une grande attention dès les toutes premières photographies, notamment d’automobiles. En partant du célèbre « raté » de Jacques Henri Lartigue, Automobile Delage, Grand Prix de l’Automobile-Club de France, Le Tréport, 26 juin 1912, et en passant par les publicités de voitures volontairement allongées ainsi que les animations caricaturales de Tex Avery, nous montrons comment les créateurs d’images ont exploité – dès la prise de vue comme en post-production – différentes techniques de flou, de filé et de déformation géométrique. Nous caractérisons les types de flou (de bougé, de mise au point, de profondeur de champ, de mouvement) et nous les mettons en perspective pour le cas des poses longues de l’astrophotographie, notamment les circumpolaires – images révélant la rotation de la voûte céleste, avec Polaris figée au centre de rotation. Nous analysons le trou noir d’Interstellar, dont le disque d’accrétion combine flou de filé et transparence, ainsi que les effets visuels utilisés pour rendre
l’extrême vitesse d’un voyage spatial : scène finale de 2001, L’Odyssée de l’espace ; hyperespace de Star Wars ; traversée de la porte des étoiles
de Stargate...

L’espace et sa perception dans des contextes où la distance, le relief voire le vertige sont mis en avant constituent un deuxième ensemble de notions – et d’effets visuels associés. Nous présentons le travelling contrarié (utilisation combinée d’un mouvement de la caméra et d’un zoom), technique qui a rendu célèbre une scène du film Vertigo, ainsi que les techniques permettant l’exagération des perspectives, de l’effet de profondeur et de l’effet de relief. Une autre scène de 2001, L’Odyssée de l’espace nous permet d’illustrer l’utilisation de déformations géométriques.

Que ce soit avec la vitesse et l’espace, mais aussi la luminosité extrême (ajout de flares prenant selon les cas la forme de traits, de croix, de cercles ou encore de disques), la chaleur (ajout d’ondulations), le froid (modification de la colorimétrie), le vent (ajout de particules), l’énergie (ajout de halos), nous montrons que des efforts de plus en plus importants en post-production visent à rendre perceptible l’invisible. Pour terminer, nous discutons des raisons et de la pertinence de ces efforts : faut-il exagérer pour mieux faire passer le message ? Faut-il donner à voir au spectateur, plutôt que lui suggérer ?

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