L’Univers à l’écran au XXIe siècle - Planétarium [5 mai 2023]

 Description

PLANÉTARIUMS NUMÉRIQUES ET RÉALITÉ VIRTUELLE : DIMENSION SCIENTIFIQUE ET DIMENSION FICTIONNELLE. LE CAS DE LA NÉBULEUSE DE L’AIGLE.

Marion Parisis

Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, Université d’Avignon, Centre Norbert Elias

La nébuleuse de l’Aigle (ou Messier 16) est un des objets célestes les plus emblématiques lorsque l’on parle des régions de formation d'étoiles. Rendue célèbre par la photographie des Piliers de la Création réalisée avec le télescope spatial Hubble, elle a été intégrée en 2022 au sein du logiciel de planétarium SkyExplorer. Ce logiciel est développé par la société RSA Cosmos – Konica Minolta, au sein de laquelle nous réalisons notre doctorat, et fait intervenir la réalité virtuelle. Selon Fuchs (2018), cette dernière se définit par un environnement virtuel tridimensionnel en temps réel sur lequel les utilisateurs (ici, les médiateurs scientifiques) peuvent agir librement.

À partir des années 80, les planétariums ont connu une mutation technologique profonde, passant des systèmes opto-mécaniques à des systèmes numériques (Firebrace, 2017). Or, cette mutation a généré une rupture notable au niveau des pratiques de médiation avec l’arrivée de la réalité
virtuelle. Les logiciels de planétariums comme SkyExplorer proposent désormais l’accès à de nouvelles images de science (observations dans le domaine du visible ou du non-visible, images provenant de procédés de simulations numériques ou de modélisations théoriques), et la possibilité pour le médiateur d’agir en temps réel sur ces dernières selon différentes fonctionnalités comme naviguer dans l’environnement virtuel, sélectionner les objets, les manipuler, avancer et reculer dans le temps.

En conséquence de nouvelles potentialités de médiation émergent. Pour le médiateur, il ne s’agit pas seulement de visualiser les objets célestes, il s’agit aussi d'agir sur ces images et de les « manipuler » (entendu dans son sens latin manipulare « conduire par la main ») afin de donner à voir des phénomènes physiques. Par cette manipulation des images, il s’agit aussi pour le médiateur de transporter les publics au sein de situations contrefactuelles. Celles-ci se définissent comme une variation ponctuelle de la réalité (Triquet et al. 2014). Selon Lewis (2012), ces situations aboutissent à un monde possible. Or, les fonctionnalités du logiciel peuvent permettre au médiateur d’engager les publics dans une activité d’appréhension et de modélisation des savoirs en donnant l’accès à ces mondes possibles et en favorisant, au sens de Schaeffer (1999), le recours au « comme si » : comme si je pouvais modifier les couleurs de la nébuleuse de l’Aigle... Ainsi, la réalité virtuelle des planétariums donnent à voir et à percevoir le cosmos dans sa complexité et au- delà, offre l’accès à des formes de fiction.

Cette communication pose les questions suivantes : quels types d’opérations puis-je réaliser sur l'image ? Quelles significations scientifiques ces opérations permettent-elles d'en produire ? En quoi certaines formes de fiction se dégagent-elles lors de la manipulation des images par les fonctionnalités des logiciels ?

En prenant l’exemple de la nébuleuse de l’Aigle, nous proposerons une analyse sémiologique de l’environnement virtuel de SkyExplorer en prenant en compte : les significations scientifiques de l’image, les opérations possibles sur celle-ci, les significations produites sur l’image en activant ces opérations, et enfin, la dimension fictionnelle générée par ces opérations sur l’image.

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