L’Univers à l’écran au XXIe siècle - Cosmogonies [5 mai 2023]

 Description

APPARITIONS, TRAVERSÉES ET NOUVELLES COSMOGONIES : REPRÉSENTER L’UNIVERS AU CINÉMA ET DANS LES ARTS VIDÉOGRAPHIQUES CONTEMPORAINS

Hugues Blineau

Professeur agrégé d'Arts Plastiques et doctorant, Université Paris 8, laboratoire EDESTA

Depuis le Cinéma des origines, de nombreuses oeuvres travaillent la représentation d'espaces qui nous sont physiquement et perceptuellement hors de portée, pour leurs pouvoirs de fctionnalisation et d'évocation. Reconstituées, modélisées ou bien provenant de sources à caractère scientifque, dans le cadre notamment du cinéma documentaire, ces images mettent souvent en jeu visible et invisible, limites humaines à l'aune d'un univers qui les dépassent infniment - qu'il soit en expansion, sphérique, non borné, ou infni -. Quelles qu'elles soient, les avancées et théories scientifques font retour sur la question éphipanique des origines de la vie. Mystère originel, résonnant toujours avec notre conscience du temps, comme nous y conduisent l'histoire des sciences comme l'histoire de la philosophie. « Indifférence » de l'univers, suscitant vertige et effroi, comme nous pouvions l'appréhender, par exemple, dans les épilogues de 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick ou de Solaris d'Andreï Tarkovski.

Notre communication prendra la forme d'un voyage en deux parties, autour de la représentation d'un irreprésentable. Nous poserons d'abord quelques enjeux épistémologiques évoqués plus haut, prendrons, en introduction, appui sur Power of Ten, célèbre flm pédagogique du couple Charles et Ray Eames, réalisé en 1977, pour éprouver rapports d'échelle, de l'infniment petit à l'infniment grand, et « pénétrer » la matière même de l'univers. Visualisation « économique » de l'espace-temps, permises par la technique et l'emploi d'un unique plan-séquence, au travelling artifciel, pour rendre compte d'infnies distances et faire retour vers l'humain.

Dans un second temps, nous décrirons puis analyserons quelques enjeux de Time No Longer, oeuvre vidéographique d'Anri Sala présentée fin 2022 à la Fondation Pinault, à la Bourse du Commerce (Paris). Au-delà de la spectacularisation permise par l'animation 3D, l'artiste albanais nous montre en effet, de manière conjointe et synthétique, différents phénomènes ou événements « irreprésentables ». Il réussit à faire coïncider dans une même séquence le micro-événement de la diffusion du Quatuor pour la fn du temps, composé en 1941 par Olivier Messiaen sur la surface d'une platine fottant dans le vide et celui des cycles diurnes, à l'échelle cosmique, par-delà les vitres d'une cabine spatiale. Lois de la pesanteurs et forces cosmiques invisibles, provoquent ici fottements, mouvements discontinus et rotations de la platine dans l'habitacle.

Tombeau de l'humanité dérivant dans l'infni galactique, traversé par de puissants éclats de lumière : nous mettrons en perspective l'oeuvre d'Anri Sala, au regard de l'histoire de plusieurs appareils de vision et « cosmogonies artistiques », de la Camera Obscura au projet de Cénotaphe de Newton d'Etienne-Louis Boullée. Notre communication se concluera par une interrogation, par-delà les questions du visible et de l'image, autour de la musique : car l'oeuvre d'Anri Sala rencontre un écho ultracontemporain, la NASA venant de lancer un projet de conversion de données spatiales, pour nous donner à entendre la musique de l'espace. Une autre manière, par le calcul et les machines, de donner à éprouver événement et accident, à la fois proche mais singulièrement éloignée de la symphonie humaine de Messaïen.

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